L’humain contre la machine, une opposition qui se trouve dans l’imaginaire collectif de notre culture actuelle. Mais quand est-il vraiment une fois quitter la science-fiction et les univers fantastique imaginés par les poètes et les écrivains?
A travers une séries de courts articles, l’ASCII vous présente les tenants actuels de ce sujet qui fais déjà frémir les peuples.

Garry Kasparov est un célèbre joueur d’échecs Russe et Croate, plusieurs fois champion du monde, et vainqueur de nombreux tournois nationaux et internationaux.Garry Kasparov en 2003 (40 ans)

Né Garik Vaïnstein en 1963 d’un père juif et d’une mère Arménienne, il commence très tôt à jouer aux échecs avant d’être inscrit au cercle d’échec de Bakou (Capitale de l’Azerbaïdjan) à l’âge de 7 ans. Dès 9 ans, il reçoit le grade de joueur de première catégorie après avoir atteint la phase finale du championnat adulte de Bakou. Tel, les joueurs actuels de football, il est vite repéré et rejoint la meilleur école de formation aux échecs du pays. Lors de ses années d’entraînement, il est formé par différents maîtres, experts en ouvertures, en fin de parties etc, ce qui lui permet de perfectionner son jeu en vue des championnats du monde. Pour le bien de sa carrière dans les échecs, et pendant une période de conflits entre URSS et Israël, il prend la décision de changer son nom en Garri Kasparov. A 17 ans, il obtient le titre de grand maître international et à 21, prend la tête du classement Elo (Classement mondial des joueurs d’échecs).

Son premier match de finale contre le champion du monde Karpov aura duré près de 5 mois, pour un total de 48 parties, et se soldant sur un arrêt par la commission d’échecs afin de préserver la santé des joueurs. Après cela, il devient champion du monde en 1985, puis en 86 et 90, avant d’annoncer sa retraite en 2003. Ses matchs contre des ordinateurs se sont écoulés de 1985 à 2003, une discipline dans laquelle il se passionne et s’implique beaucoup.

Poignée de main entre Kasparov et Karpov lors du championnat du monde de 1985

ChipTest est l’ordinateur d’échecs concu en 1985, étant le prédécesseur des supercalculateurs Deep Trought puis Deep Blue.

Chiptest est un générateur de coups, utilisant une technologie d’intégration à très grande échelle (VLSI), lui permettant d’intégrer un nombre très important de transistors (environ 100 000) par puce, et ainsi de calculer 50 000 coups par seconde. Moins de 2 ans plus tard, une nouvelle version de ChipTest appelée ChipTest-M, capable de calculer 10 fois plus de coups à la seconde remporta le Championnat Nord-Américain d’échecs des Ordinateurs. De là partirent les projets Deep Throught et Deep Blue.

Les premiers «programmes» d’échecs virent le jour dans le début des années 1900, avec notamment pour support des automates mécaniques (Pas comme l’«automate» Turc, qui employait en son sein un homme de petite taille pour déplacer les pièces). C’est en 1912 qu’une machine fut capable pour la première fois, de jouer sans aide extérieur, les derniers coups d’une partie ( Roi + Tour Vs Roi), mais ce n’est qu’à partir de 1958 que les premiers programmes capables de venir à bout d’une partie avec toutes les pièces voient le jour, crées par des Russes sur un ordinateur avec une grande puissance de traitement (Comme des serveurs ou des superordinateurs). S’en suivent de nombreux autres, tous plus sophistiqués les uns que les autres, et notamment publiés par des instituts de recherche comme le MIT ou Stanford.

À Partir de 1970, une compétition vit le jour afin de pouvoir se faire s’affronter dans un cadre réglementé les différents programmes, et ainsi pouvoir les départager et obtenir un classement comme pour les joueurs humains. La confrontation joueur humain contre ordinateur devenait de plus en plus excitante et populaire.

Peu de temps après, le premier jeu d’échecs électronique fut commercialisé, capable de comprendre les déplacements du joueur, et de pouvoir riposter dans un temps raisonnable, en calculant un nombre de positions assez élevé pour défaire la plupart des opposants.

Les débuts du programme Deep Trought sont très concluant et il est même le premier à atteindre le niveau grand maître international, obtenu après avoir fait ses preuves dans des compétitions internationales. Malheureusement pour l’équipe IBM chargée de ce programme, ils ont rapidement eu à faire face à Kasparov, qui s’est facilement défait d’eux.

Les joueurs humains de haut niveau comme Kasparov et Kramnik ont longtemps étés considérés comme les derniers remparts contre la puissance informatique.

Au fil du temps, les moteur d’échecs se sont perfectionnés, et atteignent des proportions et des puissances de calculs démesurées.

Les moteurs d’échecs ont deux fonctionnements possibles, appelés force brute et force d’évaluation. Le premier se base sur la puissance brute (comme son nom l’indique), de l’ordinateur. Il calcule le plus de coups possibles afin de trouver celui qui permettra d’aller au mat. La force d’évaluation ,elle, fait plus dans la finesse, le programme évalue d’abord les positions et les mouvements les plus probables, puis calcule les coups en appliquant un filtre en fonction des résultats de sa phase d’évaluation. Cette méthode donne au final moins de possibilités de coups mais est généralement plus efficace. Des deux modes de fonctionnements, c’est le second qui est à présent le plus utilisé.

L’interface graphique quand à elle, est principalement reliée au moteur par deux protocoles, le Winboard Engine et le UCI Engine, et est différente en fonction des équipes chargées du projet. En ce moment, les interfaces gratuites Arena et Winboard s’imposent.

L’ordinateur Deep Throught est issu du projet ChipTest, projet mené par des chercheurs de l’université spécialisée en recherche de Pittsburg en Pennsylvanie.

En 1985, ChipTest, générateur de coups en VLSI (voir intro pour définition), était controlé par une station de travail Sun-3/160.

La Station de travail avait un processeur Motorola 68020 et un co-processeur de la même marque. Une alimentation 1000 Watt fournit à la machine le nécessaire de courant afin qu’elle puisse maintenir sa vitesse constante d’à peu près 2 MIPS.

A noter que c’est à l’entreprise Sun ( Stanford university network), que l’on doit le langage Java et du standard NFS.

La seconde version du projet, baptisée ChipTest-M, intégrait une partie de microprogrammation afin de contrôler au mieux les chemins de données, ce qui lui permet de calculer dix fois plus de coups par seconde, soit 500 000 coups par seconde. De plus, cette technologie de microcode permet de simplifier le design du code, et de corriger les bugs mineurs du ChipTest premier du nom. Cette seconde version du projet Chiptest tournait sur une station Sun-4, la première génération des Sun à intégrer une architecture SPARC ( Scalable Processor ARChitecture, Architecture du processeur adaptable), et privilégiant l’architecture Pipeline (permettant d’executer plusieures instructions dans un même temps mais dans des phases différentes, ainsi, si 3 instructions prennent 15 cycles, les 3 mêmes instructions ne prendront que 7 cycles avec une architecture pipeline).

Grâce aux nouveautés de cette version et de la nouvelle architecture du processeur du Sun-4, ChipTest-M a pu remporter la finale du championnat Nord-Américain d’échecs d’ordinateur de 1987.

En 1988, la première version de Deep,Throught tournait avec deux processeurs VLSI spécifiques, et était déjà capable de calculer 720 000 coups par seconde. En intégrant les nouveautés du ChipTest-M, Deep Throught 0.01 remporta le championnat nord-américain de 1988 et le championnat du monde de 1989.

Deep Throught 2, développé par une partie de l’équipe de ses prédécesseurs, pouvait quand à lui calculer un demi-milliard de positions par coups dans une cadence de tournois. Sponsorisé par IBM, Deep Throught et son équipe ont ensuite rejoint les rangs de leur sponsor pour donner naissance au gros bébé Deep Blue de 2 mètres et de 700kg, comportant 32 processeurs, eux mêmes reliés à 8 co-processeurs dédiés aux échecs, donnant un total de 256 coprocesseurs fonctionnants en parallèles. La station de travail était alors une RISC System/6000, utilisants des microprocesseurs POWER et PowerPC, intégrant 15 millions de transitors par processeur (avec une fréquence allant jusqu’à 71 MHz), et permettant d’effectuer un pipeline sur plus de 100 instructions différentes. Cette puissance lui permet alors de calculer jusqu’à 100 000 de coups par seconde.

Garry Kasparov n’a pas peur de perdre. Lorsque le champion du monde d’échecs a accepté de jouer un match contre Deep Blue, le superordinateur IBM conçu pour le battre, il était si confiant que, selon le journal TIME, il préfera refuser l’offre de partage de la bourse promise au vainqueur. C’était tout ou rien.

Alors que Kasparov a gagné le match ce jour-là, le 17 février 1996, la victoire ne vient pas aussi facilement qu’il l’avait prédit. Deep blue remporta la première manche qu’ils jouèrent, avant d’être écrasé par Kasparov. Les échecs sont autant un jeu d’instinct que de calcul, mais il arrive que l’un domine sur l’autre. Kasparov annonca tout de même avoir été tourmenté par un déplacement de la part de la machine, qui ne lui donna aucun avantage.

Plus tard, le déplacement incompris de la machine s’est expliqué: la vitesse de calcul de Deep Blue était si avancé que, contrairement à d’autres ordinateurs que Kasparov avait combattu avant, celui-ci pourrait voir l’avantage matériel de perdre un pion, mème si celui-ci est venu nombreux coups plus tard.

L’année suivante, il a joué contre une nouvelle version de Deep Blue et a perdu le match.

Le bilan psychologique face à l’imposant et indéchifrable ordinateur à joué un rôle clé. Le re-match fut compliqué pour Kasparov, après avoir remporté la première manche, il fut totalement dominé par Deep Blue lors de la seconde. Selon les témoins de la partie, Kasparov était perturbé par son adversaire, il semblait stressé et soupirait en se frottant le visage. Plus tard, il annonca avoir été agacé par un mouvement de l’ordinateur, qu’il ne comprenait pas, et il accusa l’équipe IBM d’avoir triché. Il s’avéra par la suite que l’ordinateur avait choisit ce coup au hasard car ne sachant pas quel chemin emprunter quand à la résolution du problème face au trop grand nombre de possibilités.

La victoire de Deep Blue contre Gary Kasparov a fortement marquée les médias de la fin du 20e siècle, comme le montre la vidéo condensée en fin d’article. La machine prenant le dessus sur l’homme, revoilà l’intrigue de centaines de films, et qui continuera à faire parler, l’intelligence artificielle sera t-elle un jour assez performante pour dominer l’humanité ?

Déjà, bien des postes dans les usines, les laboratoires, à des fins d’optimisation du temps mais pas que, des robots remplacent des hommes.

Deep Blue, tout droit sorti des laboratoires d’IBM, et probablement produit grâce à l’aide d’une plate-forme automatisée, aura tout de même demandé pas loin de 15 ans à ses développeurs pour mettre à bas le règne de l’homme sur le plateau d’échecs. L’ordinateur est quand même porté par toute une équipe logistique, comptant au moins 20 membres seulement dans le but de réaliser une maintenance système entre chaque manche en 1997. De plus, il intégrait les résultats de la quasi-totalité des parties jouées lors du 20e siècle, et surtout celles de son adversaire, pouvant ainsi obtenir des probabilités plus précises afin de choisir ses parades et ses déplacements offensifs répondants correctement au jeu de Kasparov. La victoire de l’ordinateur Deep Blue ne serait-elle pas en fait la victoire de ses constructeurs, des hommes ?

Ordinateur IBM similaire à Deep Blue, exposé au musée de l’histoire de l’ordinateur en Californie

Malgré tout, une idée demeure, à l’homme la décision et le sens, et à la machine, le calcul et la préparation de la décision. Une idée pessimiste du future ? L’informatique mal vue par l’homme ?

Cet ordinateur ayant été préparé dans le but d’ «éliminer» le joueur humain, tel Terminator et Sarah Conor, nous sommes en droit de nous demander si le match était juste. Kasparov lui-même accusa l’équipe IBM de triche, et, en mauvais perdant (fidèle à son égo), demanda une revanche en règles..

Le match homme-machine aux échecs n’est donc pas laissé sans vainqueur, mais il existe tout de même un doute quand à l’équiprobabilité du combat et à la réelle identité du vainqueur, Deep Blue ou bien son équipe .
Deep Blue s’impose, comme ses successeurs, qui seront toujours plus puissants et de moins en moins imposants.

LIENS / RÉFÉRENCES :

http://time.com/3705316/deep-blue-kasparov/

http://www.iechecs.com/ordinateur.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/Matchs_Deep_Blue_contre_Kasparov

https://en.wikipedia.org/wiki/Deep_Blue_(chess_computer)

https://en.wikipedia.org/wiki/Garry_Kasparov

https://en.wikipedia.org/wiki/Computer_chess

https://www.chessclub.com/user/resources/articles/interview_crazybird1.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_d%27%C3%A9checs

https://fr.wikipedia.org/wiki/Moteur_d%27%C3%A9checs

https://fr.wikipedia.org/wiki/Deep_Thought_(ordinateur_d%27%C3%A9checs)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Championnat_du_monde_d%27%C3%A9checs_des_ordinateurs

https://en.wikipedia.org/wiki/ChipTest

Videos :

https://youtu.be/3yBeFpF-zrQ
http://www.ina.fr/video/CAB96007057
https://www.ina.fr/video/CAB96007951
https://www.ina.fr/video/CAB97107762
https://www.ina.fr/video/CAB97107286
https://www.ina.fr/video/CAB97106585

L’Humain contre la Machine // Deep Blue Vs Garry Kasparov
Tagged on: